Unwanted

propos recueillis en septembre 2016

Mélanie Jouen : Dorothée, après avoir été interprète pour de nombreux projets musicaux et chorégraphiques, tu crées Samedi Détente en 2014. Unwanted est ta deuxième création personnelle. Depuis le témoignage sur le génocide des Tutsis au Rwanda que constituait Samedi Détente, peux-tu retracer le cheminement qui te mène à traiter aujourd’hui du viol comme arme de guerre ?
Dorothée Munyaneza : Dans ma recherche artistique, je confronte ma mémoire à celle de mon pays, à celle des rescapés Tutsis. Je m’intéresseégalement au corps de la femme, et plus particulièrement lorsque celle-ci est malmenée, maltraitée, abusée, physiquement et psychiquement, en temps de conflit. Ce travail sur le corps féminin ne pouvait débuter que dans mon pays, auprès des victimes du génocide des Tutsis. Les données sont imprécises, mais il faut savoir qu’au Rwanda, entre avril et juillet 1994, de 100 000 à 250 000 femmes ont été violées durant les 100 jours du massacre, qui a fait plus de 800 000 morts. On dénombrerait selon Human Rights Watch entre 2 000 et 5 000 enfants nés de ces viols. Ce qui a eu lieu il y a 22 ans a évidemment laissé des séquelles en moi, en ces mères, en ces enfants. Prenant de la distance avec un propos strictement autobiographique, c’est aujourd’hui leur parole que je veux porter.

Depuis 2008, le viol est reconnu comme constitutif du crime de génocide par l’ONU. La parole donnée aux victimes, aux enfantsdes victimes est rare. Est-ce la première fois que ces témoignages sont portés sur scène ?
Dorothée : En effet, c’est – à ma connaissance – le premier travail scénique sur ce sujet. Un sujet abordé depuis peu, depuis le vingtième anniversaire du génocide des Tutsis, depuis que cette génération d’enfants « non désirés » peut s’exprimer et être entendue. Deux documentaires ont été récemment réalisés : Rwanda,la vie après – paroles de mères d’André Versaille et Benoît Dervaux (2014, Arte France) ou Mauvais souvenir de Marine Courtade et Christophe Busché (2015, Spicee). Il y a aussi le travail photographique de Jonathan Torgovnik, Intended Consequences (2009, Aperture).
Bruce Clarke : Et le livre de Jean Hatzfeld, Un papa de sang (2015, Gallimard).

Qui sont ces femmes et leurs enfants que tu as rencontrés ?
Dorothée : Lors de mes recherches documentaires, j’ai rencontré plusieurs fois le nom de Godeliève Mukasarasi qui, dès 1994, a fondé Sevota, une association qui vient en aide aux femmes Tutsis victimes de viols et de violences sexuelles pendant le génocide. Elle m’a fait rencontrer ces femmes qui ont donné naissance à l’enfant de leur bourreau, qui n’ont pas avorté. Nombreuses vivent avec le VIH, dans la pauvreté et l’exclusion sociale. Elles ont été bien souvent violentées par les survivants qui n’ont pas accepté qu’elles gardent cet enfant, ont quitté leur village pour chercher la quiétude à la campagne mais elles sont toujours pointées du doigt, et leur enfant aussi. Un enfant qu’elles ont elles-mêmes rejeté ou maltraité, reproduisant la boucle vicieuse de la violence. Je craignais qu’elles ne me parlent pas, par pudeur, par respect ou par peur tout simplement. Je pensais rencontrer des femmes anéanties, or elles m’ont déplacée, par la générosité de leur témoignage, leur beauté et leur dignité. J’avais devant moi une femme qui a souffert, qui souffre encore, mais qui se tient debout, en quête de lumière.

Comment se sont déroulés les entretiens ?
Dorothée : J’ai rencontré environ 60 femmes et 70 enfants, sur leur lieu de vie, en présence de Godeliève Mukasarasi ou seule. Je leur racontais mon histoire, leur parlais de Samedi Détente puis leur posais une question : vous êtes-vous accepté(e) ? Et là,commençait leur récit. Les femmes se racontaient sans trop s’attarder sur le viol, qu’elles exprimaient pudiquement par cette périphrase : « quelqu’un s’est mal comporté envers moi ». Quand la femme ou l’enfant avait terminé son récit, je leur demandais la chanson ou la danse qu’il ou elle aimait en particulier. Ceci venait parfois dissiper le nuage gorgé de douleur qui planait au dessus de nos têtes, et séchait nos larmes. Pour finir, je leur demandais la permission de les prendre en photo avec mon appareil jetable. Les femmes s’éclipsaient et revenaient vêtues de leurs plus beaux habits aux couleurs flamboyantes. Émue par ce cadeau, je les voyais métamorphosées devant moi. Ces femmes continuent, malgré la douleur, à donner de la valeur à leurs corps, à elles-mêmes.

Bruce, d’origine sud-africaine, tu t’es intéressé dès le début des années 1990 à la situation au Rwanda. Depuis 2000, tu orchestres une oeuvre mémorielle participative sur le génocide des Tutsis dans la préfecture de Kigali – Le Jardin de la mémoire. En 2014, tu réalises avec d’autres artistes un projet urbain international : Les Hommes debout. Peux-tu évoquer ce qui t’a mené à faire la lumière sur le drame rwandais et à investir ce combat contre l’oubli ?
Bruce :
J’ai toujours voulu avoir une pratique artistique qui aborde de face le réel. Militant anti-apartheid, je me suis intéressé à ce qui se tramait au Rwanda bien avant 1994 et me suis engagé auprès d’un collectif de soutien au peuple rwandais. Après le massacre, des amis m’ont fait prendre conscience que je pouvais trouver là une adéquation entre mon engagement politique et ma création artistique. L’objectif principal des génocidaires étant l’éradication totale d’un peuple jusqu’à sa propre mémoire, je me devais de répondre en laissant une trace.

Habitué à des compositions murales monumentales dans l’espace urbain, est-ce ta première création scénique ?
Bruce : Certaines de mes oeuvres ont été utilisées sur scène mais c’est la première fois que je me situe ainsi au coeur de la création.

Unwanted est votre première collaboration commune. Pouvez-vous évoquer votre rencontre ?
Dorothée : Nous nous sommes rencontrés il y a peu. En mars 2016, je présentais Samedi Détente à l’Espace 1789 de Saint-Ouen. Elsa Sarfati, directrice du lieu, me parle alors de Bruce Clarke, dont je connaissais le nom mais ignorais encore l’oeuvre. Le lendemain, elle me tend la carte de Bruce Clarke, qui avait assisté au spectacle. Une fois découvert son travail, je l’ai immédiatement appelé. On s’est rencontrés et on a parlé de mon pays. J’allais avoir 12 ans lors du génocide des Tutsis, lorsque j’ai dû fuir Kigali. 22 ans après le massacre, croiser des gens qui sont allés là-bas, connaissent la situation, agissent, créent des oeuvres d’art et de mémoire, est bouleversant. Nous partageons une même conscience artistique et politique. Il fallait absolument que je collabore avec lui. Je l’ai alors convié à cette nouvelle aventure.

Bruce, tu es plasticien, né en Angleterre de parents exilés sud-africains. Dorothée, tu es chanteuse-chorégraphe-auteur, originaire du Rwanda et aujourd’hui de nationalité britannique. Vous travaillez tous deux sur la question de la mémoire et du corps – intime, politique. Vous êtes attachés à informer, à commémorer et remémorer l’histoire du continent africain. Pouvez-vous qualifier vos démarches respectives ? Et évoquer ce qui vous rassemble, ce « devoir » de l’artiste envers la société ?
Dorothée : Je ne crée pas pour créer. Je passe par le corps, la musique, le chant, le texte pour toucher des sujets qui me tiennent à coeur : la violence faite aux femmes, les inégalités raciales, la soumission de l’homme noir à l’homme blanc… Je ne sais si c’est mon vécu qui fait que ce que je fais est tel qu’il est. Mais je pars de là pour aller au-delà de ma souffrance, trouver là où le feu continue à brûler et rester vivante. Je ne peux être artiste et ne pas refléter la société dans laquelle je vis. Un dialogue de création est très vite né entre moi et Bruce Clarke : comment pouvons-nous, en tant qu’artistes, réfléchir – tel un miroir mais aussi intellectuellement et artistiquement, physiquement et émotionnellement – notre monde ?
Bruce : J’ai un vécu différent mais j’ai toujours baigné dans la vie politique car mes parents ont fui l’Apartheid et m’ont mené à sans cesse questionner le monde. J’ai voulu trouver le point de jonction. Ma série Body Politics ou le projet Les Hommes debout sont emblématiques de ma démarche : comment aborder la violence du réel et la mettre dans le domaine public ? Dotés d’une parole publique, nous – artistes – n’avons pas le droit de dire n’importe quoi. Comment passer par l’esthétisme pour témoigner, sans simplifier et en connaissance de cause ? Ce que je réalise dans le domaine plastique doit être informé, doit informer et non démontrer, doit figurer un réel absolu.

“Toute forme artistique est politique, qu’on le veuille ou non. Soit on assume que le contexte influence inévitablement notre production artistique, soit la société rend notre art politique.”

Ensemble, que cherchez-vous ici ?
Dorothée :
J’ai tout d’abord souhaité être seule sur scène, seule avec ces femmes que j’ai rencontrées, seule avec leur présence, leurs mots, leurs paroles. Mais ma rencontre avec Holland Andrews a tout bouleversé et aujourd’hui je ne veux ni ne peux plus être seule sur scène. Invitée avec d’autres artistes internationaux par le Portland Institute for Contemporary Art pour un mois de résidence en septembre 2016, j’y ai rencontré cette jeune afro-américaine aux capacités vocales incroyables. Des profondeurs gutturales aux hauteurs lyriques, elle crée avec des pédales loop un chant unique, multiple. Au-delà de la musique, du travail sonore d’Alain Mahé, du texte, de la chorégraphie, j’ai aussi envie qu’on puisse percevoir et approcher ces femmes. J’ai ainsi demandé à Bruce Clarke de les symboliser. Il va créer une femme – qu’elle soit une ou plusieurs – qui habitera l’espace avec moi. Nous serons donc trois : Holland Andrews, la femme dans l’oeuvre plastique de Bruce Clarke et moi. Ensemble, nous intégrerons le processus de changement dans la chorégraphie et la dramaturgie : comment la matière, tangible, visuelle, peut être déchirée, arrachée, réduite puis redéployée à nouveau, recréée. Selon moi, la vie est ce mouvement permanent de transformation.
Bruce : Me mettant à l’ouvrage, des questions essentielles arrivent :les femmes doivent-elles être identifiables, venir d’un pays déterminé, être « universelles », nues, habillées ? Ces interrogations sont cruciales pour la représentation et l’interprétation. Quand j’aurai réalisé des images qui font sens et me satisfont, nous déterminerons avec Dorothée Munyaneza comment les transformer, les détruire ou les reconstruire sur scène.

Vos recherches vous mènent-elles ainsi à une performance scénique dans laquelle le geste chorégraphique métamorphoserait l’oeuvre plastique ?
Dorothée :
Absolument. Et dans sa métamorphose, l’oeuvre plastique transformera réciproquement le geste chorégraphique.

Quel est votre mode de collaboration et comment s’inscrit-il dans le processus de création ?
Bruce : Après nos premiers échanges, j’ai réalisé quelques maquettes d’un dispositif plastique que nous confrontons au projet scénographique imaginé par Vincent Gadras. Dorothée va me montrer les photographies de ces femmes interrogées et je développerai une figuration inédite. Une fois le dispositif scénographique acté, j’amorcerai la réalisation puis rejoindrai Dorothée et l’équipe en répétition.
Dorothée : Actuellement, je retranscris les entretiens, les traduis en français, puis en anglais. De ces témoignages naîtra un texte, à partir duquel naîtra la parole sur le plateau, sous forme de monologues et de chants. Certains jeunes m’ont parlé des musiques traditionnelles rwandaises qu’ils affectionnent ainsi que des artistes locaux et américains qui leur plaisent. À partir de cette matière, je vais composer des morceaux originaux avec Holland Andrews, travailler avec Alain Mahé sur la création sonore et chorale de la pièce. Conjointement, nous élaborons la scénographie et la création plastique avec Vincent Gadras. Viendra ensuite le travail chorégraphique, sous le regard extérieur de Faustin Linyekula. J’avais le désir de penser l’espace en amont de la création, que cette dimension plastique soit centrale. La collaboration avec Bruce Clarke me permet ainsi de travailler dans le cadre de l’espace scénographié.

De quelle manière la création plastique s’accordera-t-elle à la création scénographie de Vincent Gadras ?
Bruce : Dorothée Munyaneza occupe l’espace et décide de notre cohabitation. Il y aurait plusieurs panneaux métalliques de 3 à 4 mètres de hauteur, disposés au sol en arc concave en fond de scène. Ou peut-être un seul, central. Quoi qu’il en soit, ces panneaux incurvés bi-faces, pourraient être éclairés de l’intérieur et tourner sur eux-mêmes à leur propre vitesse. Il pourra également y avoir des toiles semi-transparentes, qui apporteraient de la fluidité. Sur ces panneaux, voiles ou tulles, apparaîtront les peintures inédites de femmes debout, en noir et blanc. Des figures aux traits estompés, esquissés. Les peintures, reproduites sur rouleaux, pourront être encollées sur la tôle. Les panneaux pourront aussi être peints directement et abîmés de pigments à chaque représentation. Au fil du spectacle, il y aura une destruction de ces images, déchirées, dégradées par Dorothée Munyaneza et Holland Andrews. Je m’inspire également d’une série que je travaille actuellement intitulée Paysage après massacre : sans présence humaine, un paysage géographique ou mental post-traumatisme, qui pourrait ainsi nous situer au delà du Rwanda, en ex-Yougoslavie, en Syrie, au Congo ou même dans un camp nazi.

Et comment pourra-t-elle s’articuler au geste chorégraphique ?
Dorothée : Le métal m’évoque les tôles des toits de nos maisons au Rwanda. Ces panneaux, comme des totems métalliques, définiront l’espace et seront le lieu de la violence subie, du trop-plein déversé. Les coups ou les déchirures que je leur porterai feront résonner la douleur. Ils seront à la fois corps profanés et exutoires à ma propre colère. J’entrerai en interaction chorégraphique avec les œuvres plastiques de Bruce Clarke et avec cette matière – métal ou voile – qu’on peut sonoriser, manipuler, métamorphoser. Ces femmes seront une figure, une identité féminine commune. Est-ce que ces images féminines vont être détériorées ? Est-ce que certaines seront épargnées ? Est-ce qu’une seule sera transfigurée ?
Bruce : Le bruit de la déchirure du papier, amplifié au micro, exacerberait la violence de l’acte. Et la destruction de ces figures engendrerait un nouveau paysage, une nouvelle identité.
Dorothée : La rotation de ces panneaux le temps du spectacle révélerait une métamorphose mais aussi la mécanique incessante de la violence. Embrassant tout d’abord la multitude des femmes victimes, nous pourrions parvenir à cette femme unique, debout et lumineuse, telle qu’elles se sont présentées à moi, telle que la représente Bruce Clarke dans son œuvre. Ou bien parvenir à ce panorama, extension de leur âme, de leur corps, de leur drame. Les débris créeront un autre paysage sur le plateau, un nouveau mode d’expression. Je pourrai utiliser ces matières prises sur les corps de femmes pour me métamorphoser moi-même, je pourrai créer un autre espace de jeu, un autre paysage, une autre lecture

Bruce, tu travailles les fragments et débris issus du réel – papiers, journaux, affiches – que tu intègres à la toile. Tu dis déconstruire pour re-figurer. Quel lien fais-tu ici entre ta grammaire usuelle et cette nouvelle expérience ?
Bruce : Ma grammaire-palimpseste, constituée de couches et déchirures, entre en résonance avec le sujet, le récit et la langue de ce pays. En kinyarwanda, on parle souvent obliquement d’une chose. J’ai entendu une femme dire une fois : « Ils n’avaient pas besoin de me déshabiller, j’étais déjà nue ». J’ai mesuré l’impact de ses mots bien après. J’aime à penser que la force de cette circonlocution puisse se retrouver dans mon travail. La violence de la réalité frappe plus profondément encore lorsque les choses ne sont pas dites ou montrées frontalement.

Dorothée, dans Samedi Détente, tu dansais avec Nadia Beugré sur le champ de bataille. Ici, le corps semble être l’arme de destruction et le lieu du combat…
Dorothée : J’ai été touchée par la beauté des gestes de ces femmes, leur manière presque chorégraphique de se mouvoir, s’asseoir, se lever, se courber, servir du thé, de l’eau…Après le génocide des Tutsis, lorsque ces femmes ont été retrouvées, la plupart était dans un état de détérioration physique extrême. On les lavait avec du désinfectant qui piquait leurs blessures. Certaines m’ont dit être pourries de l’intérieur, d’autres utilisaient l’image d’un caillou dans la colonne vertébrale. J’essaie de comprendre ce que c’est que d’avoir un sexe pourri, de marcher, bouger avec un caillou à l’intérieur de soi ; de ressentir ce que peut être aussi la violence de la guérison, depuis l’intérieur, la régénération de l’organe abusé. Pendant les commémorations annuelles, certains corps manifestent le souvenir par la douleur. Ces femmes et enfants ne sont pas seulement rescapés, ce sont des êtres qui cherchent par tous les moyens à se redresser. Comment vais-je chorégraphies cette grandeur d’après massacre ? Cette dignité que l’on retrouve d’ailleurs dans toute l’œuvre de Bruce Clarke.

Il était aussi question de l’avant-guerre dans Samedi Détente. Tu sembles ici te concentrer sur l’après, le corps après le massacre…
Dorothée :
Comment est-ce que ce corps continue à se battre même quand il n’y a plus de combat extérieur ? Comment continue-t-il son combat intérieur ? L’une des femmes que j’ai rencontrée, portait un tissu superbement noué en turban sur la tête. Elle a été tellement battue, pendant le génocide des Tutsis par ses bourreaux, puis après, par son frère et son beau-frère qui lui reprochaient d’avoir gardé l’enfant né du viol, qu’elle a constamment mal à la tête. Cheveux rasés, elle conserve ce pagne serré autour de la tête pour contenir sa douleur. Des blessures, de la déchirure, nait une femme debout, à la recherche de sa lumière A partir de la douleur comment créer le beau, le féminin, le digne ? Le combat est là. Comment s’accepter ? Et accepter l’enfant ?

De quelle manière d’ailleurs ces enfants seront-ils présents sur scène ?
Dorothée : Bruce Clarke ne peindra que des femmes mais j’ai envie d’incarner la mère et l’enfant, qu’il soit fille ou garçon. Habiter un corps descendant à la fois du bourreau et de la victime, représente un travail intéressant sur la dualité. J’ai envie de parler des jeunes gens que j’ai rencontrés. Nombreux sont ceux qui ne s’acceptent pas, qui n’ont pas encore accepté que leurs pères aient été les tortionnaires de leur mère, de leur famille, des génocidaires.
Bruce : Les fêlures de ces femmes sont des êtres en devenir. Comme une figurine, une poupée, les morceaux déchirés assemblés pourraient d’ailleurs représenter l’enfant.
Dorothée : Ces enfants sont l’avenir : ils veulent l’amour, la joie. Il faut leur donner confiance en eux, en l’autre, en la vie et interrompre la boucle de la violence. Pour que ces victimes ne deviennent les prochains bourreaux

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