uirapuru

Marcelo Evelin

Festival d'Automne à Paris


festival-automne.com


entretien et écriture

texte de présentation de l’œuvre pour la brochure et entretien avec l’artiste pour le dossier de presse

Mélanie Jouen – Uirapuru, que vous créez en 2022, porte le nom d’un oiseau rare des forêts brésiliennes dont le chant est extraordinairement mélodieux. Cet oiseau en voie de disparition à cause de la déforestation est une icône de la culture brésilienne. Qui est cet oiseau ? Qu’est-ce que son chant et sa légende vous racontent ? 

Marcelo Evelin – Uirapuru, en langue tupi-guarani, signifie « homme transformé en oiseau » ou « homme emplumé ». Uirapuru est un oiseau qu’on ne voit presque jamais et dont le chant mélodieux est unique. Avec la déforestation, il se fait encore plus rare et son apparition est synonyme de chance. Cet oiseau est une icône de la culture brésilienne mais il est aussi un cliché exotique, et l’exotisme est très dangereux. Derrière Uirapuru, il y a la légende d’un guerrier indigène, amoureux d’une femme mariée. Sachant son amour impossible, il demande de l’aide au dieu Tupā, qui le transforme en oiseau coloré, condamné à émerveiller de son chant magnifique la femme qu’il aime. J’ai travaillé cette pièce comme une quête magique de Uirapuru : approcher quelque chose qui existe mais qui n’est pas là. J’ai eu envie de rentrer dans la forêt profonde, dans un Brésil peu exploré, vers une espèce de danse que je ne connais pas. Pendant le processus, j’ai pensé que les danseurs n’entreraient pas sur scène, que la pièce serait seulement la promesse de quelque chose. La pièce a à voir avec la situation politique du Brésil : lorsqu’on a débuté le travail, on était encore sous Bolsonaro, accrochés à l’espoir que quelque chose change, et aujourd’hui, avec Lula, ce quelque chose n’est pas encore là. On ne peut pas encore accéder à la beauté, au bonheur, on n’entrevoit pas encore Uirapuru.

Vous inspirez-vous d’autres entités dont les forêts brésiliennes recèlent ? Comment la réalité écologique et l’imaginaire mythique des forêts du Brésil nourrissent l’écriture de cette pièce ?

Au moment du COVID, la forêt m’est apparue non pas comme un endroit mais comme une activation de notre culture afro-brésilienne, comme une condition écologique, physique, métaphorique à travers son imaginaire, ses mythes, ses histoires. Je ne voulais pas parler de l’humain car aujourd’hui, il me semble plus important de parler des plantes, des animaux, des fantômes, des vies visibles et invisibles. Il n’y a là rien de rationnel, la pièce est imprégnée d’un rapport intime à la forêt très particulier à notre culture afro-brésilienne.

extrait

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