Théâtre et cinéma, pairs et impurs

Opening night d'après John Cassavetes
Cyril Teste - Collectif MxM

Le Quai - centre dramatique national d'Angers


laquai-angers.eu


écriture
contribution pour Divague, revue annuelle du Quai

avec ce partenaire

Arts spectaculaires et spéculaires, théâtre et cinéma montrent le monde et racontent des histoires. Si le cinéma s’est construit avec et contre le théâtre, c’est aujourd’hui pour le reconnaître comme pair : aussi « impur » que lui-même, pour reprendre le terme employé par le critique André Bazin au tournant des années 1960[1].

Depuis la fin du XIXesiècle et l’invention du cinématographe, le flux naturel des imaginaires, qui se manifeste par propagation esthétique et technique, circule entre ces arts frères. Qu’ils le citent ou non, si tous deux puisent aux sources de la littérature, de la peinture, de l’architecture et de la musique, le cinéma n’a cessé d’emprunter au théâtre ses textes, ses personnages, sa dramaturgie retraduite dans son écriture du mouvement et sa temporalité tandis que le théâtre a peu à peu glané au cinéma son esthétique, son art du montage et son rapport au réel.

Une dialectique infinie et féconde relie, d’une part, les deux territoires d’expérimentations – au naturel recomposé ou saisi du cinéma et à sa diffusion différée répondent la convention illusoire du théâtre et l’immédiateté réelle de la représentation et, d’autre part, les vecteurs du récit que sont l’acteur et le spectateur – à la fixation de la chair et à la distance que crée la projection cinématographique répondent la présence des corps et l’empathie kinesthésique de l’instantané théâtral.

Au cours du XXesiècle, l’industrialisation des systèmes de production et de distribution cinématographiques a contribué à hiérarchiser les arts du spectacle, leurs disciplines et leurs usages. Aujourd’hui, le développement de l’ergonomie numérique, dont l’accessibilité économique et technique favorise son appropriation par les artistes de la scène, le partage des systèmes référentiels et l’interrogation de l’image médiatique participent à une tension du cinéma vers le vivant.

 

Le XXIesiècle saurait-il reconnaître une parité et l’évidence d’une « intermédialité » ?

 

Si ce néologisme permet de ne plus observer isolément les médias mais de mettre en avant leur co-construction permanente, leurs agencements et interactions dans la production de sens, au sein d’une société mouvante.

[1]André Bazin, Qu’est-ce que le cinéma ?, Éditions du Cerf, 1958-62

… extrait

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