Les Armoires normandes

Les Armoires normandes

Les Chiens de Navarre

Quand Les Chiens parlent d’amour, ils mordent. Comme le palmier sauvage d’Alaska planté là, l’amour existe, vous ne croyez pas ? Les cabots explorent notre Eldorado affectif et vont voir « pourquoi les gens qui s’aiment sont-ils toujours un peu les mêmes ». Ces scènes de vies conjugales dézinguées sont cyniques à souhait, férocement. Et ça donne en vrac un Adam solitaire nu comme un ver, un mariage graveleux sur sable blanc, des couples télé-réalisés dont le ménage a tourné. Ça décape et révèle le bois piqué de nos armoires sentimentales. C’est complètement Dada tout ça, mutin et mélancolique sous l’humour potache. Partant du principe que l’homme est un animal comme les autres, avec la bêtise en plus, ils affirment une liberté qui appelle notre sauvagerie. Et c’est peut-être pour ça qu’on les aime : avec le pire et pour le meilleur, leur idiotie est aussi une intelligence affranchie de la norme. Sous la direction de Jean-Christophe Meurisse, cette meute, véritable phénomène théâtral, construit sur un terrain vague d’idées et de thèmes, une ossature qui lui offre un espace mouvant, ouvert à l’improvisation. Dans cette création, elle arpente un nouveau territoire autour d’un fil narratif, plus intime. À chaque représentation, les onze acteurs se livrent entièrement, avec le risque, l’enthousiasme et la folie de l’instant. Ceux qui ont vu Une Raclette et Quand je pense qu’on va vieillir ensemble à Théâtre en mai en 2014 le savent déjà. N’ayez pas peur, ces chiens-là sont cruels, mais tendres et terriblement drôles.

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