Bouh !

Bouh ! Même pas peur ? !

 

Un garçon pas ordinaire
Son prénom est Beau. Oui, Beau, « ça dit bien ce que ça veut dire », dit-il. Il est drôle ce garçon. Mais pourquoi tout le monde l’appelle Bouh ? On ne sait même plus : « Les autres enfants se mirent à l’appeler Bouh, même si personne ne se souvenait si c’était parce qu’il avait peur d’eux ou qu’ils avaient peur de lui » (extrait). Bouh a des obsessions, des TOC, des Troubles Obsessionnels Compulsifs : découper des articles de faits divers pour les coller dans un grand cahier, ne manger que des haricots et puis s’occuper des enfants… On dit que Bouh est différent. Il a un syndrome, le syndrome d’Asperger : c’est un trouble du développement de la personne, qui se caractérise par des difficultés de communication et de relation sociale, des comportements répétitifs. Comme il n’y a pas de retard mental ou de déficit intellectuel, on ne sait pas encore s’il faut traiter ce trouble comme différence ou réel handicap… Car cette intelligence singulière peut être source de compétences exceptionnelles. Certains connaissent peut-être Sheldon Cooper, héros Asperger de la série The Big Band Theory ? Et bien savez-vous qu’Albert Einstein, Isaac Newton, Marie Curie, Vincent Van Gogh ou même Bill Gates sont (supposés) (être ou avoir été) atteints du syndrome d’Asperger ?

La différence, la peur et la rumeur
Le spectacle parle de la différence, de la rumeur et de ses conséquences. Bouh fait peur, parce qu’il n’est « pas comme nous ». Ce qu’on ne connaît pas nous fait peur. Pour se rassurer, on approche l’autre selon nos références ; pour expliquer ce qu’on ne comprend pas, on (se) raconte des histoires. C’est ce qu’on appelle la rumeur, lorsqu’une idée reçue fait naître une fausse information, lorsque celle-ci se répand de bouche à oreille. On exagère et on en fait une vérité. Bouh, que personne ne connaît vraiment, est ainsi le support de l’imagination de tous. Il vit avec Benny, son grand frère, qui lui interdit de quitter leur maison devant laquelle deux enfants jouent à se faire peur. Il y a le groupe de dehors (le garçon et la fille) qui observe le groupe de dedans (Bouh et son frère Benny). Ses obsessions, son goût pour s’occuper des autres enfants, le rendent suspect… Notamment dans la disparition de Kelly Spanner. Parce qu’il faut dire aussi que si Bouh « est exactement comme un enfant » (extrait), il n’en est pourtant pas un…

À hauteur de l’enfance
L’histoire se déroule comme une enquête, avec des énigmes et des suspenses. Bouh « nous donne à voir et à éprouver les choses à sa manière, avec ce décalage qui est le sien » (Simon Delattre). Dans cette maison où les adultes sont absents, Benny incarne la responsabilité, l’autorité, comme s’il s’agissait d’un jeu d’enfant. Bouh voit le monde comme il joue avec le langage, avec une vraie et drôle de logique : « Ça, c’est la pièce à vivre. C’est là qu’on vit. En fait, dans les autres pièces aussi on est en vie. Comme si on tombait raide mort dès qu’on passe dans une autre pièce, mais non, bien sûr » (extrait). Pas question de prendre à la légère la peur de l’autre, l’ignorance et la cruauté qu’on trouve parfois face à la différence. Pas question non plus d’être grave ! « Le personnage de Bouh, que j’incarne, a un grand sens de l’humour qui repose souvent sur la dimension absurde de la langue anglaise, retranscrite en français. Bouh […] est le seul personnage à ne pas être représenté par une marionnette. Là commence sa différence ! » (S.D.)

Les marionnettes
Les personnages qui entourent Bouh sont représentés par trois types de marionnettes. Les enfants sont représentés par deux marionnettes hyperréalistes à l’échelle humaine, manipulées de manière visible par les interprètes. Les autres sont des marionnettes à gaine d’inspiration chinoise, à la manière des personnages de cartoons, vives et dynamiques. Il y a aussi la petite fille, une figurine non articulée de la taille d’une main, comme celle placée au sommet du casque de Bouh. Elle est si fragile, qu’on voudrait la protéger. Il y a donc les acteurs qui jouent Bouh et Benny, les marionnettes, et les maquettes : des maisons dessinées à la craie, des trappes et des boîtes… La scène est un grand terrain de jeu ! Vous savez qu’il n’y a qu’en France que l’on nomme les marionnettes ainsi ? Ça vient de Marie, parce qu’il y a longtemps lors des fêtes chrétiennes, on jouait des scènes religieuses avec des figurines (des effigies) à l’image de la Vierge Marie. Ailleurs dans le monde, le terme se rapproche du terme poupée (puppet en anglais par exemple).

 

Mike Kenny
Auteur, Mike Kenny est salué comme l’un des dix auteurs de théâtres britanniques vivants les plus importants. Il écrit pour le théâtre jeune public depuis une vingtaine d’années et son oeuvre composée d’une soixantaine de pièces est jouée partout dans le monde. Parallèlement à sa production de textes originaux, il adapte des classiques de la littérature enfantine. Quelques-unes de ses pièces, dont Bouh ! sont traduites en français par Séverine Magois et éditées par Actes Sud-Papiers.

Simon Delattre
Comédien et marionnettiste, Simon Delattre a suivi des études d’arts du spectacle à l’Université et au Conservatoire d’art dramatique de Rennes, puis à l’École Supérieure Nationale des Arts de la Marionnette à Charleville- Mézières, dont il a été diplômé en 2011. S’il est aussi interprète ou assistant à la manipulation, il mène ses créations personnelles en France et en Europe.

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