Brochure

Week-end danse

Anima !

du latin anima : air, souffle, âme

Durant deux jours, la danse d’aujourd’hui exalte le corps et l’esprit, avive la Ferme d’un souffle inspiré ! Les statues muent avec animalité dans le bal joyeusement grotesque de la cap-verdienne Marlene Monteiro Freitas ; d’étranges humains se meuvent dans le fantastique univers imagé de la chorégraphe Mié Coquempot, créé en hommage au compositeur Pierre Henry, précurseur des musiques électroniques ; Vincent Thomasset et son double sondent l’âme enfantine et adolescente dans un duo texte et mouvement drôle et cadencé ; la chorégraphe Emmanuelle Huynh anime les danses oubliées, jamais vues ou pas encore qui se cachent dans les plis des rideaux…

Le Week-end danse – qui poursuit l’aventure Hors saison – présente des créations soutenues par Arcadi Île-de-France. Les « Instantanés », rencontres et petites formes destinées aux professionnels complètent un riche parcours de propositions artistiques ouvert à tous. Ne manquez pas cette traversée chorégraphique incontournable. Alors, animons-nous !

 

De marfim e carne –
As estátuas também sofrem

Marlène Monteiro Freitas

Intérieur ou extérieur ?
C’est un bal grotesque où dansent des gens étranges, des êtres mi-pierre mi-chair. Habillés de bleus de travail, ces artisans de leur corps sont à la fois sculpteurs et sculptures. Comme s’ils ne pouvaient se restreindre aux contours rigides de leur silhouette statufiée, leurs mouvements au dedans émergent au dehors, à la surface carnée. Les pulsions, souffrances et réminiscences de vies antérieures autant qu’intérieures les traversent : gueules ouvertes et roulements d’yeux, ils se contorsionnent, saccadent, poussent des cris figés.

Trois percussionnistes et leurs cymbales cadencent la danse bestiale des quatre hallucinés, sur des morceaux claquant baroque et rock de Monteverdi à Arcade Fire. Exaltée, cette fête joyeusement délirante est bouleversante. Entre l’animé et l’inanimé, l’humain et l’animal, Marlene Monteiro Freitas avive l’hybride, l’instinct, le viscéral. Jusqu’à rappeler que la transgression des codes est affaire d’amour et de désir en appelant les figures d’Orphée, poète bravant les Enfers pour retrouver son Eurydice ; ou Pygmalion, sculpteur défiant les lois de la nature en donnant vie à Galatée, statue aimée.

La chorégraphe venue du Cap-Vert fait parler d’elle et ceux qui l’ont vue à la Ferme en 2012 dans le solo Guintche ne peuvent oublier sa danse sauvage. Elle ébranle les structures, entaille les fêlures et manie avec finesse l’excessif et la folie.

Médail Décor

Vincent Thomasset

Double ou trouble ?
Des cagettes en plastique, des noires, des vertes, des bleues, des rouges. Empilées les unes sur les autres en équilibre fragile. Au milieu, un gars qui gesticule et déblatère. À moins que ce ne soit l’autre qui parle. Oui, celui-là devant son pupitre et dos au public qui débite à un rythme cadencé. L’un est le double de l’autre, mais lequel ? Tous deux forment un duo improbable, narrateur et interprète, voix et corps, réflexion et action. Pour nous mener au fil d’un retour à l’enfance, à l’adolescence et à cette identité troublée, « lorsque ce qui nous entoure devient de plus en plus réel, de moins en moins fictionnel ». On essaie d’affronter nos peurs et on tente de franchir les obstacles, d’apprivoiser l’autre, comme un cavalier et sa monture. Vincent Thomasset se raconte, son « nous » percute tandis que son acolyte à l’écoute, donne corps, s’éclipse et cavalcade. Double, dédoublement, doublure, doublage… Avec ces deux-là, on est ici et maintenant dans une poésie verbale, vocale et chorégraphique, un chahut drôle et impertinent.

Médail Décor est le nom de la boutique que tenait le grand-père de Vincent Thomasset et le troisième opus d’une série de spectacles qu’il intitule Serendipity (sérendipité) « ou comment arriver à un endroit en prenant une direction découverte en voulant aller à un autre endroit ». Et ainsi trouver autre chose que ce que l’on cherche et se laisser surprendre. Intuitif, instinctif, le metteur en scène – chorégraphe – auteur écrit le mot, le corps et l’espace pour être dit avec fulgurante, erreurs et lapsus compris. Pour être entendu.


extraits