pour Théâtre en mai 2016
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Une langue amorale, un corps décomplexé et une énergie fulgurante : LA gALERIE a agité Théâtre en mai 2015. Les créatures, vivaces et crues, reviennent pour en finir avec l’anthropo(s)cène, ce théâtre de l’Homme en bataille : « Des mythes de l’individu au devenir d’une communauté, Vivipares (Posthume) est une brève histoire de l’humanité ». Cinq jeunes de sexe féminin, dégenrés, réunis par la force des choses car il n’y avait qu’elles pour aller jusque-là. L’épopée amoureuse et familiale, que constitue le premier opus (Vivipares) s’additionne de deux parties et s’ouvre au « devenir collectif et à la post(h)érité ». Le public agglutiné dans un coin (de garage) avec carton scotché au mur, canapé fané, poster paradis et bricoles, assiste au spectacle que les indisciplinées préparent. Elles convoquent leurs heroes David Bowie, Charles Bukowski et Judy Garland avant d’échouer sur l’Arche de la défense de Noé telles des méduses sur un radeau gonflé, « au beau milieu des merdes flottantes de l’avenir moderne réalisé ». La culture pop aux icônes usurpées côtoie la mythologie exhumée dans une poétique de la démesure précisément écrite par Céline Champinot. La parole performative, incarnée avec une sincérité sans artifice, est radicale, riante et brutale.
« Résurrections, rituels, abdications, déluge, évasions, métamorphoses. Vivipares (Posthume) est l’expérience du naufrage de cinq êtres en lutte, à tout prix surnageant pour demeurer vivants ». En 2014 elles mettaient en scène Vivipares, spectacle en trois parties. « La création de deux parties supplémentaires, dites posthumes, fait bouger les lignes […]. La poursuite de l’écriture questionne ses origines et tout est, par conséquent, de nouveau remis en chantier ». David B. aime Charles B. avec qui il a un enfant-raté, handicapé. David achète un enfant-acteur pour le remplacer. David et Charles baisent Marthe, qui est en fait le frère de David, qui devient Judy G. et rêve d’être une icône pop ou une blonde ukrainienne. Zonant d’un quai de gare pluvieux de Bourg-en-Bresse à un fjord glacé de Suède, la bande débarque dans une cerisaie suisse. Judy danse et chante, Charles chiale et l’enfant-raté meurt. Ils décident de partir pour Kiev, mais Judy reste là, devant la télé. 20 ans plus tard, le roi David II, le prince Charles et Kevin reviennent pour inhumer leur chien Bobby et toucher l’héritage… L’étude anthropologique de cinq individus bascule là dans une projection de l’Histoire collective, de la chute inéluctable de l’humanité vers le devenir dit posthume de ces rescapés. Oui car après le déluge de pluie acide, la catastrophe écologique, les naufragés sont arrivés à destination, affranchis de leurs illusions. Le récit se structure autour de nouvelles mises en jeux qui découlent ou s’éloignent de Vivipares : « Comment le devenir fou transforme la réalité de la représentation en aliment du délire collectif ? » Un délire qui se manifeste par une densification des présences des actrices. Si dans Vivipares elles « donnent le spectacle », elles convoquent dans Posthume le sacré, appellent la démesure d’une poétique centrée autour du rituel : chants polyphoniques et croyances archaïques, c’est un état de corps plus collectif, un état de jeu plus choral. L’équipe – principalement féminine – revendique un théâtre du bricolage. Les éléments d’une scénographie imaginée pour un coin (du théâtre, du garage ou du salon), sont des objets concrets, qui font naître la parole. La lumière intégrant les contraintes du lieu, activée par des objets ordinaires a elle aussi une incidence réelle sur la dramaturgie. Céline Champinot écrit pour ces actrices issues pour la plupart de l’ESAD – Paris comme elle, un texte à trous : « un squelette complexe, tissé de références hétérogènes inséparablement associées ». Le groupe LA gALERIE déconstruit avec insolence la pensée, s’inscrit dans le réel de la représentation au cours de laquelle spectateurs et acteurs décident de « croire en ce qui sera joué » ; dans cet espace unique où « un humain parle à un autre humain ».
Céline Champinot se forme à Villeurbanne, à l’ESAD de Paris et au CNSAD (master mise en scène). Elle travaille notamment avec Patrick Haggiag pour La Trilogie de la villégiature, Guillaume Barbot en tant qu’actrice et dramaturge de L’Evasion de Kamo, Club 27 et Nuit, Fabio Kinas et Tali Serruya pour Divertissement SARL (Institut Français du Maroc), Bruno Freyssinet et Mathilde Delahaye pour Sifnos Crisis Theatre – (Projet Européen, Grèce), Philippe Quesne en tant qu’assistante à la mise en scène de Swamp Club. En 2008, sa première pièce À côté d’moi est créée dans une mise en scène d’Alan Boone en collaboration avec Christian Benedetti. Co-fondatrice du groupe LA gALERIE, elle participe à l’ensemble des projets et dirige les créations collectives Léonce et Léna, Marie Tudor et Vivipares (Posthume) – brève histoire de l’humanité. Le Groupe LA gALERIE est un organisme vivant qui se nourrit de, et cherche à nourrir par, la création. Chacun de ses dix membres crée par, et pour, l’autre. LA gALERIE crée Les Trublions de Marion Aubert mis en scène par Alan Boone, artiste invité en 2008, Léonce et Léna de Georg Büchner en 2009, Atteintes à sa vie de Martin Crimp cr.ation collective dirigée par Adrienne Winling en 2011, Marie Tudor de Victor Hugo en 2013, Vivipares (Posthume) – brève histoire de l’humanité en 2014 et 2016. Depuis la saison 13.14, le groupe LA gALERIE est en résidence au Théâtre de Bourg-en-Bresse.
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dossier de presse
Langue amorale, corps décomplexé et énergie fulgurante : Céline Champinot et son groupe LA gALERIE ont chahuté Théâtre en mai 2015. Ça vous dit quelque chose cinq jeunes dégenrés jouant dans un coin ? Non ? Alors vous n’avez pas vu ces Vivipares qui mordent et qui marquent. Les créatures, vivaces et crues, reviennent pour en finir avec l’anthropo(s)cène, ce théâtre de l’Homme en bataille : « Des mythes de l’individu au devenir d’une communauté, Vivipares (Posthume) est une brève histoire de l’humanité ». Aujourd’hui, elles ajoutent à l’épopée amoureuse et familiale du premier opus deux nouvelles parties, ouvertes au « devenir collectif et à la post(h)vérité ». Dans leur garage, cartons collés, canapé fané, poster paradis, elles répètent leur spectacle bricolé. Ça chante, ça danse, ça meurt et ça ressuscite. Elles convoquent leurs heroes David Bowie et Charles Bukowski ; bourlinguent d’une gare de Bourg-en-Bresse à une cerisaie suisse. Pour échouer sous un déluge de pluie acide sur l’Arche de la défense de Noé, telles des méduses sur un radeau gonflé « au beau milieu des merdes flottantes de l’avenir moderne réalisé ». La performance est inénarrable, le délire désopilant. La culture pop aux icônes usurpées côtoie la mythologie exhumée dans une superbe poétique de la démesure. Portée par cinq insolentes talentueuses, cette parole radicale, riante et brutale dresse un portrait implacable des convulsions de l’époque.
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déclinaison livret